Présentation

37 ème EDITION DU SALON DE LA CREATION ARTISANALE

La 38ème édition du Salon de la Création Artisanale

Une édition sous le signe « La main tunisienne, le geste en héritage»

Pour le plus grand plaisir des amateurs du hand made et de l’artisanat tunisien, la 38ème édition du Salon de la Création Artisanale revient du 18 au 27 Mars 2022, au Parc des Expositions du Kram.

Après six mois de la tenue de la37ème édition du Salon de la Création artisanale en 2021, le salon de l’innovation dans le secteur de l’artisanat signe son grand retour en mars 2022. La 38ème édition de l’une des manifestations les plus importantes rattachées au secteur de l’artisanat à l’échelle nationale, se tiendra du 18 au 27 Mars 2022 au Parc des Expositions du Kram. Créé en 1982 par l’Office national de l’artisanat (ONA), le salon s’est imposé, avec les années, comme une tradition incontournable pour promouvoir et valoriser les créateurs tunisiens. Cette année, la nouvelle édition est exceptionnelle car elle se décline sous le signe de la solidarité avec les artisans afin de relancer un secteur fortement impacté au cours des années 2020 et 2021 par une conjoncture sanitaire et économique difficile.

L’objectif de l’ONA est de regrouper les divers intervenants dans le secteur autour d’une manifestation d’envergure  et commerciale, par excellence, pour redynamiser leurs activités et venir en aide aux créatifs locaux. Sur une superficie de 20 mille mètres carrés, des espaces et des stands mettent à l’honneur la richesse de la diversification des filières artisanales représentatives des différentes régions de la Tunisie.

Le parcours d’exposition a été pensé pour un enchantement de l’expérience du visiteur à travers un voyage temporel entre tradition et modernité ainsi qu’une immersion sensorielle dans les tréfonds d’un patrimoine sauvegardé et sans cesse renouvelé. Entre senteurs, saveurs, couleurs et splendeurs des formes, des textures ou des matériaux, le visiteur est entrainé dans un tourbillon de volupté à la découverte des univers et des produits variés de plus que 800 artisans et créateurs participants. Ces derniers sont répartis suivant des catégories allant de l’art de la table, au tissage, à l’ébénisterie, à l’habillement et à la décoration.

Un espace est réservé au savoir faire des régions, un autre aux personnes à besoins spécifiques, un autre est alloué aux meilleures créations artisanales des dernières années.L’objectif de cette nouvelle édition est de redynamiser le secteur de la production artisanale après les conjonctures difficiles de la pandémie qui a fragilisé la situation économique des artisans tunisiens. Pour garantir la réussite de cet événement culturel tant attendu par les professionnels et le grand public, des mesures de sécurité sanitaire sont instaurées par l’ONA et les pouvoirs publics. Les exigences du protocole sanitaire seront respectées.

Salon-Creation-Artisanale-Tunisie-2022

Expo « Créations…patrimoine de demain »

Création, innovation et tradition sont les maîtres mots de cette nouvelle édition du Salon. Dans l’expo « Création », l’ONA a fait la sélection d’une collection de créations de concepteurs contemporains des différents gouvernorats qui proposent des pièces uniques à la fois innovantes et résolument inspirées d’un héritage millénaire pour faire découvrir ou redécouvrir aux visiteurs les ressources inépuisables d’un patrimoine local d’une incommensurable richesse. La sauvegarde des savoir-faire n’est nullement un appel à l’immobilisme. Elle engage au contraire une approche de création itérative entre les époques et les générations. Sauvegarder et innover vont de pair dans la valorisation du patrimoine artisanal.

Expo « La main tunisienne, le geste en héritage »

A la mémoire de Abderrahmane Ayoub

Cette exposition, hommage à l’artisanat tunisien, matérialise le dialogue caractéristique de la création artisanale qui se tient entre le respect de la tradition et l’innovation. Il s’agit d’une invitation au voyage à travers les savoir-faire et la découverte de la richesse, de la vivacité et de la diversité des métiers artisanaux encore vivants.

Tout commence par une immersion dans les territoires par les enquêtes de terrain qui ont été menées par feu Abderrahmane Ayoub et son équipe de chercheurs. État des lieux dynamique de l’artisanat sur nos territoires, les objets récoltés, les paysages parcourus et les artisans visités permettent de prendre le pouls de notre réel.

Les résultats de l’expérimentation nommée « Les Ateliers » donnent à voir, métier par métier, les objets qui sont nés des rencontres entre les créateurs (artisans et designers). Prototypes démontrant le potentiel de la tension et de la libération du dialogue entre tradition et modernité et entre horizons différents. Des objets historiques extraits des collections nationales de l’ONA seront exposés pour compléter cette conversation entre passé et présent de l’objet artisanal.

Les Ateliers

Les ateliers constituent une contribution originale à la valorisation des savoir-faire nationaux. L’ouverture qu’ils proposent sur d’autres pratiques et d’autres talents a permis des échanges fertiles entre les représentants des savoir-faire des métiers emblématiques du génie artisanal tunisien et ceux d’autres champs de la création tels que le design.

La collaboration artisan-designer qui aboutit à un acte de co-création participe au désenclavement des savoir-faire et devient la composante d’un langage universel et un élément moteur dans l’économie du secteur. Les objets issus de ces ateliers sont mis en perspective avec la production artisanale tunisienne grâce à des pièces historiques anciennes ou modernes (années 1950 à 1970).

Toutes ces expériences parlent de la capacité des artisans tunisiens à regarder vers le futur, à dialoguer avec d’autres artisans et créateurs pour redécouvrir leur patrimoine, en extraire de nouveaux éléments d’identité et ainsi se positionner dans une démarche contemporaine dépoussiérée du folklore mais néanmoins activant les ressources culturelles du territoire.

Songes d’étoffe

La malia, cette pièce d’étoffe intemporelle, dont le pouvoir polymorphe se déploie sans nulle couture, enveloppait les femmes dans leur vie quotidienne, de leur espace domestique aux célébrations publiques. Son secret est dans sa trame.

C’est dans l’atelier de couture de la créatrice Fatma Ben Abdallah, qui leur ouvrira sa bibliothèque humaine, qu’Antonin Simon Giraudet et Salah Barka cheminent ainsi côte à côte dans une quête, celle de donner vie à des souvenirs éthérés en conjuguant pureté du trait et du geste. Leur recherche les porte à s’intéresser aux différents types de malia et à leurs palettes de couleurs. Par la magie d’un artifice qui la substitue à la couture pour fixer le tissu, la broderie acquiert grâce au duo une double vocation : fonctionnelle et ornementale. Sarra Jomaa, une créatrice-joaillère, se joint aux deux artistes pour concevoir les fibules qui assureront le port et le maintien des créations.

Variations autour d’un accessoire oublié, les destinées du sabot entre savoir-faire et idées

De la primitive pièce de bois vert creusée et planée pour que s’y glisse le pied maintenu par une bride, il passe au cœur d’une évolution touchant autant ses matériaux que sa forme. Sarra Jomaa et Antonin Simon Giraudet se sont saisis de cet accessoire pour s’engager, avec pour compagnon maître Abderrazak Ben Ammar, ébéniste rompu aux techniques de sculpture sur bois, dans la voie de la réinvention des usages de cet objet artisanal aux identités ambivalentes en le détournant de son apparence classique, pour le réintroduire dans les pratiques vestimentaires contemporaines.

Chorégraphie d’alfa : la fibre sous toutes ses coutures

Technique ancestrale s’il en est, la sparterie trouve en Tunisie un terrain particulièrement favorable. C’est dans ces terres de Kasserine que Ghzela Omri, artisane établie à Sbeïtla dans la région de Kasserine, a convié le duo de créateurs Dach et Zephir où ils ont été initiés au secret de la transmutation des fibres.

De la fascination du duo par la fabrication de la natte traditionnelle, la hassira, est né le premier atelier collaboratif qui associe ce savoir-faire à la rigueur de la Marbrerie Tunis Carthage. Le maillage de la natte immuable est brisé, sa forme est modulée et détournée de son usage pluriséculaire.

Si son usage en sparterie la destine à des fonctions où solidité et résistance priment, l’alfa, manipulée par Ghzela, révèle tout son potentiel esthétique dans l’imaginaire de Sarra Jomaa et du duo Dach et Zephir, engagés dans une seconde expérience novatrice. Ces explorations, associées à la mise en scène théâtrale des fibres d’alfa, engendreront deux collections de bijoux mêlant fibre végétale, brute et travaillée, et sertissages d’argent, inversant ainsi la hiérarchie traditionnelle entre les matériaux.

De la materia prima à l’empreinte primitive

Au commencement était la matière. L’argile, belle, brute et informe. C’est à cette matière première, originelle et en devenir, que sera conférée la vie par la forme imprégnée.

La triade d’artisans formée par Mohamed Mansour et Adel Belhaj, modeleurs et mouleurs, et Imad Issa, mouleur, prépare l’argile, la tire de son magma originel et recourt aux différentes techniques de moulage pour lui imprimer formes et couleurs, le tout sous l’œil vigilant du designer et inventeur François Azambourg.

Le  groupe décide d’explorer les possibilités de réaliser des empreintes de poissons et de crustacés en céramique. Ceux-ci inspirent formes et couleurs et constituent l’étalon qui dimensionne les plats produits. Véritable défi technique, la réalisation confronte la matière première aux limites des moules ordinaires et à la réalité physique des spécimens achetés sur le marché local. L’atelier opère une rupture fondamentale avec les moyens de conception et de fabrication classiques.

Faites sonner les cuivres : métaux, marteaux et bigornes en symphonie créative

Mohamed Lidarssa, maître dinandier et Dach et Zephir, duo de designers parisiens, se décident d’emblée pour la création d’une pièce unique, destinée à être exposée et pensée comme le fruit d’un processus de création navigant entre art et design. Une collaboration est aussi menée avec la Marbrerie Tunis Carthage pour enrichir les matières travaillées et développer les solutions techniques adéquates.

Fort de son expérience japonaise de travail avec le bois fondu, François Azambourg a quant à lui sollicité la virtuosité technique du maître dinandier dans le cadre d’un second projet de création partagée. Poussé par l’idée de préserver l’intégrité de la matière originelle, le designer s’est présenté avec des pièces de bois destinées à être recouvertes d’une fine feuille de métal (cuivre, laiton et étain) soumise à un repoussage délicat.

Les réalisations de cet atelier se démarquent par une créativité nourrie de la virtuosité technique d’un maître artisan possesseur des secrets de son métier et dont l’action de gardien du temple s’exprime à travers le renouvellement des formes et des modèles hérités du passé.

De l’alchimie du verre au verre alchimique

 

La quintessence de l’art de la verrerie réside précisément dans la capacité à en extraire une substance anoblie par le procédé en y incluant, en amont des opérations, un précieux adjuvent. C’est là le propos de cet atelier qui, afin de réaliser la transmutation, a associé le designer et inventeur François Azambourg au maître verrier Tarak Kammoun.

Le prétexte de départ est une grappe de raisins réalisée en verre et originellement structurée autour de fils de fer. Le duo se lança dans une opération de reconquête de l’objet visant à le produire intégralement en verre. De cette tentative est née la série Bulles  dont les éléments portent une double identité, mi-décorative, mi-usuelle.

La maîtrise presque naturelle du verrier impressionne le designer qui tire de ses longues observations des enseignements relatifs aux procédé de fabrication, de montage ainsi qu’aux procédures et aux protocoles d’assemblage. François Azambourg décide de ne pas recourir aux dessins, mais de partir de la maîtrise existante de l’artisan et de lui offrir l’espace d’expression qui leur permettra de s’extraire de la matière connue pour s’élever au-delà des idées préconçues. L’imagination créatrice du designer opère sa fonction d’adjuvent et l’opération alchimique prend enfin forme.

 

La parole à la mosaïque…

 

Formé à la mosaïque byzantine en Italie, c’est en Tunisie que Giuseppe Caccavale sera initié à la mosaïque de pierres sous les conseils du maître mosaïste Abderrazak Belgacem qui lui révèlera les arcanes de son art dans son atelier situé à El Jem. L’alchimie de la création impose un aède dont la prose sera l’offrande apportée aux libations artistiques. Le choix est porté sur le poème « Étincelles » de l’enfant de la mer et homme de lettres Moncef Ghachem.

 

Un triangle d’influence se crée entre El Jem, Mahdia et Sidi Bou Saïd. Les étincelles sont là, elles se donnent à voir par éclats successifs, imprègnent le support du dessinateur et vont se figer, pétrifiées, dans les tesselles de la mosaïque en genèse, dans un moment de grâce où prose, dessin et mosaïques ne font plus qu’un.
Expo ATLAS: Plateforme digitale de la Cartographie de l’artisanat tunisien
Un état des lieux du secteur a été entrepris sur l’ensemble du territoire national.

Il a donné lieu à un rapport très détaillé qui a été numérisé en une base de données qui a elle-même été transformée en un site qui permet de naviguer sur le territoire artisanal de la Tunisie : l’Atlas.

L’objectif de cette enquête était de discerner les métiers qui demeurent vivants et donc porteurs d’espérance pour l’avenir et les métiers devenus rares et pour certains en voie de disparition, en faveur desquels il peut être pertinent d’agir. L’approche choisie était anthropologique : aller à la rencontre des artisans et artisanes qui incarnent ces savoir-faire. Des entretiens et des questionnaires ont permis de mieux comprendre leur situation et de jauger leur motivation et leur capacité à assurer une transmission.

En repérant les artisans dépositaires de la « mémoire artisanale », en sondant leurs propres souvenirs, un diagnostic a pu être posé sur la mutation qui s’opère entre le passé et l’avenir dans les dimensions culturelle et sociétale des métiers de l’artisanat tunisien.

Une collecte d’objets témoigne de l’immense diversité de savoir-faire dont l’usage est le moteur essentiel.

En dressant l’inventaire impressionnant des métiers dont la plupart demeurent vivants, et en constatant l’existence d’une relève malgré la précarité qui caractérise la situation de nombreux foyers d’artisanat en Tunisie, cette cartographie invite d’abord à une attention accrue envers ces métiers précieux, porteurs des valeurs matérielles et immatérielles indissociables des savoir-faire artisanaux.